C’est un peu déprimant de l’admettre, mais toutes nos mesures sont approximatives et donc fausses. Nous faisons de notre mieux, en suivant la technologie qui met entre nos mains des instruments de plus en plus précis ou, pour le dire autrement, de moins en moins imparfaits.
Accepter que notre travail est forcément grossier n’est satisfaisant ni pour l’intellect ni pour nos clients. Heureusement, les hydrographes savent à la fois comment améliorer la précision de leurs mesures, et les limites qu’elles portent en elles, car nous avons à notre disposition des moyens pour qualifier les données et estimer cette incertitude
Et donc il existe une large variété d’options tant techniques que méthodologiques pour autant de qualité de levés, si par « qualité » on entend bien sûr, « précision ». Par exemple une bathymétrie avec une insonification complète des fonds au sondeur multifaisceaux ou résultant d’une interpolation au mono-faisceaux, sont deux moyens différents de restituer une même situation de façon tout à fait correcte. Il n’y a pas de méthode plus valable qu’une autre. Il y a des approches différentes.
Pour une même zone, un bureau d’études qui nous sollicite pour collecter les données afin de modéliser l’écoulement d’un fleuve n’aura pas les mêmes besoins qu’une société de dragage qui doit déterminer des cubatures. Et si ces mesures dans le fleuve sont destinées à un usage cartographique pour la navigation, nos hydrographes doivent alors se conformer aux normes les plus exigeantes de l’OHI .
Pour chaque approche, il y a des moyens et du temps, donc un coût spécifique. Et le critère discriminant est autant la précision que le prix. On le comprend, le meilleur survey est celui qui est le mieux adapté au projet.
Mais comment placer le curseur dans le ratio qualité précision/prix ?
Certains clients ont des exigences claires qui sont généralement exprimées de façon rigoureuse dans les spécifications techniques de leur consultation. Quand d’autres ont parfois des incertitudes sur un tas de choses, et peuvent s’interroger sur le résultat, sur les bonnes pratiques ou sur la faisabilité, et plus souvent encore sur ce que ça va couter.
C’est pourquoi il est essentiel pour nos clients dans la conduite de leur projet de :
1. Bien définir les spécifications techniques.
2. Avant de définir les spécifications techniques, solliciter les spécialistes.
Nous ne pouvons pas exiger de nos clients qu’ils maîtrisent les normes et standards, ou qu’ils soient informés des dernières avancées de l’état de l’art. Au contraire, nous leur devons le conseil qui est une dimension incontournable de notre métier, pour pouvoir finalement livrer la meilleure prestation : celle dont ils ont besoin.
« Good job done »
Raphaël Pacot
1. En combinant toutes les sources d’erreur contribuant à l’incertitude de mesure et en utilisant une méthode statistique, on peut estimer son incertitude à partir des bilans d’erreur ou incertitude propagée totale (TPU ou Total Propagated Uncertainty).
2. IHO Standards for hydrographic surveys (Février 2008)
https://iho.int/uploads/user/pubs/standards/s-44/S-44_5E.pdf